CfP: Imaginaires et pratiques de paix en temps de guerre (1914-1918)

Imaginaires et pratiques de paix en temps de guerre (1914-1918)Imaginaires et pratiques de paix en temps de guerre (1914-1918)

deadline: le 15 septembre 2014

Imaginaires et pratiques de paix en temps de guerre (1914-1918)

Le présent colloque vise à interroger la fonction et la place de l’imaginaire et des pratiques de la paix en temps de guerre, ce qui subsiste, provient du temps de paix et nourrit l’espoir ou la conflictualité. La porosité des cultures de paix et de guerre s’effectue en effet dans le temps du conflit avec ses propres modalités qu’il conviendra d’interroger et ses temporalités qu’il faudra tenter de mesurer et d’identifier.

 

ANNONCE

Argumentaire
“Un président qui fit un voyage de rêve
“M’a dit qu’il existait hors du ciel radieux
“Une Europe où jamais la paix ne ferait rêve,
“Où tous les potentats seraient des petits dieux.
“C’est l’Europe d’Amour
“L’Europe de tendresse
“Où tous, même la Grèce,
“S’aimeront nuit et jour.
“Un président m’a dit qu’il serait une Europe
“Qui s’entendrait toujours. […]
“Nul n’entendra le soir sonner dans les casernes
“L’appel aux consignés ou l’extinction des feux :
“Morte sera l’armée, jouet des temps modernes,
“Tout ça sera changé pour nos petits neveux.
“C’est l’Europe d’Amour
“L’Europe enchanteresse
“Où nulle forteresse
“Ne dressera sa tour.
“Un président m’a dit qu’il serait une Europe
“Qui s’entendrait toujours. […]
“Dis-moi, nouvelle année, envolons nous vers elle
“Et nous nous aimerons pendant l’éternité
“Ma chimère aux doux yeux nous prêtera ses zèles.
“Mais hélas ici-bas, tout n’est que vanité.
“C’est l’Europe d’Humour
“L’Europe d’Amérique
“Vision chimérique
“Rêve de troubadour.
“Mon petit doigt m’a dit qu’il serait une Europe
“Qui se battrait toujours.
L’Europe d’Amour, paroles de l’adjudant G. Labrunie, sur l’air « L’étoile d’Amour » (Paul Delmet, 1899), paru dans Le Petit Écho du 18e Tal, n° 117, dimanche 4 février 1917. [Source : Gallica.bnf.fr]

Sur l’air nostalgique d’une chanson de 1910, ce sous-officier d’un régiment territorial se laisse aller à rêver à la paix, bercé par les discours du président Wilson, au début d’une troisième année de guerre. « Rêve chimérique » d’une « Europe d’amour » à jamais pacifiée, auquel il ne veut réellement croire, mais qui exprime bien la prégnance d’un imaginaire de paix en temps de guerre. C’est en quelque sorte ce va et vient, dans un temps pétri par la guerre, entre le souvenir de la paix d’hier et l’impatience de son retour, qui peut nourrir la réflexion. La porosité des cultures de paix et de guerre s’effectuant aussi dans le temps du conflit avec ses propres modalités qu’il conviendra d’interroger et ses temporalités qu’il faudra tenter de mesurer et d’identifier.

Deux approches peuvent être ici considérées comme les fils conducteurs de la réflexion à mener : l’analyse de ce que l’historien britannique Martin Ceadel a défini comme « le sentiment de la paix »[1] qui passe par une expérience au moins d’une sécurité, sans négliger le discours sur la paix, un discours qui peut être autant instrumentalisé que revendicatif comme l’avait montré le colloque Paroles de Paix en temps de guerre, qui abordait à la marge la période de la Grande Guerre[2].

Le présent colloque vise à interroger la fonction et la place de l’imaginaire et des pratiques de la paix en temps de guerre, ce qui subsiste, provient du temps de paix et nourrit l’espoir ou la conflictualité.

La paix doit être ici entendue comme une aspiration, une expérience et un discours, dont il s’agira de saisir les relations et les lieux de leur pratique. Qu’elle soit appel résolu à l’arrêt de la violence ou discours de compensation ; qu’elle s’énonce comme projet d’un nouvel ordre, politique, international, moral ; qu’elle soit repos – même provisoire – ou retour au quotidien pour le combattant ; qu’elle soit enfin simple souvenance de ce qu’était l’avant-guerre dans la construction imaginaire de ce qui sera appelé la Belle Époque, il s’agira aussi de mesurer les formes sociales et culturelles des représentations de cet « horizon d’attente » (Reinhart Koselleck) des sociétés en guerre entre 1914 et 1918. Quelle place reste-t-il à la paix dans ce temps de guerre ?

Axes thématiques
Plusieurs thématiques pourront être abordées :

La paix comme souvenance de l’avant-guerre
Dans quelle mesure la guerre anéantit-elle les imaginaires et les pratiques forgées durant les longues décennies de paix qui ont précédé le déclenchement du conflit ? Le souvenir de la vie d’avant est-il effacé par l’expérience de la guerre, par la mobilisation de toutes les activités et la focalisation des pensées sur la ligne de feu ? Romain Darchy évoque ainsi la réception des lettres : « Une lettre ? Mais c’était tout ! C’était sa famille, son foyer, son village, c’était le passé. On avait tout cela au creux de la main. Les ans défilaient plein de souvenirs, on se transportait vers ceux qu’on chérissait pour rependre courage[3] ». L’étude des références à l’avant-guerre dans les correspondances mérite une attention particulière.

Les fêtes, les réunions sportives sont supprimées du fait de la mobilisation, les spectacles et revues de cabaret, encadrés par la censure, s’amenuisent. Pourtant, avec une chronologie sans doute variable selon les lieux, les manifestations culturelles et sportives se multiplient de nouveau en 1916[4]. Lors de ces reprises, quels rites et quelles pratiques réapparaissent-ils et dans quelle mesure poursuivent-ils les cycles festifs d’avant guerre tant à l’arrière que sur le front ? Si elles contribuent à rappeler de la vie d’avant, il est utile de comprendre comment elles s’articulent avec la mobilisation des esprits, la nécessité de respecter les endeuillé(e)s. Cette réflexion pourra être située socialement pour mieux comprendre comment les différentes classes sociales maintiennent ou organisent ces moments de sociabilité issus de l’avant-guerre.

Si la nostalgie du temps de paix peut apparaître dans la presse ou les courriers, il peut être intéressant de mesurer dans quelle mesure cette expression contribue dans le temps du conflit à la construction d’une représentation de « l’avant-guerre » comme une « Belle Époque » (Regina Sweeney[5]). Ce mythe de la Belle Époque, dont on pourra chercher à faire l’archéologie, se dessine-t-il pendant le conflit ?

La paix imaginée, rêvée
À travers les différents supports que sont les journaux de tranchées, les cartes postales, le dessin ou la caricature, les carnets et journaux de guerre, les chansons, apparaissent des représentations multiples de la paix. Il s’agira de saisir dans ces productions littéraires et artistiques les références culturelles et/ou politiques dans leurs agencements et leurs variations au cours des 52 mois du conflit. À Noël 1916, le sénateur sarthois Paul d’Estournelles de Constant, surpris par l’atmosphère des grands magasins qui lui rappellent les pratiques du temps de paix, « comme à l’ordinaire », « comme auparavant », note que « toute cette gaieté n’empêche pas les gens de penser ; au contraire, mais on ne se fait pas d’illusions ; on parle, sans grand espoir, des ouvertures de paix du président Wilson ; […] On se dit qu’il ne faut pas faiblir de peur que la guerre, mal achevée, ne recommence plus terrible encore ; – on dit tout cela et on vit, parce qu’il faut vivre pour ceux qui viendront après nous[6]. » La paix est aussi l’espoir partagé des conversations quotidiennes… Comment apparaît-elle dans les correspondances, dans les journaux intimes ?

La paix comme expérience temporaire
Si les sociétés européennes s’inscrivent massivement dans l’effort de guerre, comment au quotidien des moments de paix sont-ils toutefois ménagés ? Il s’agit là de saisir comment la paix est imaginée, retrouvée, restituée pour s’évader de la guerre, du cafard, de la violence dans ces moments que les poilus organisent ou fixent. Si les fraternisations pourront être abordées, comme une forme temporaire de paix entre ennemis parmi les plus explicites, d’autres expériences méritent l’attention. Comment le souvenir, l’aspiration, les expériences de la paix aident-elles à traverser la guerre, à surmonter l’épreuve ? Comment les soldats reconstituent-ils des moments de paix afin que leur existence ne soit pas totalement envahie par la seule expérience du combat ? Permissions, loisirs, spectacles et sports aux armées y contribuent. La lecture peut ainsi être considérée comme une « démobilisation momentanée » (Benjamin Gilles[7]), tandis que la pratique du football se développe au front comme dans les cantonnements, grâce notamment à la mobilisation de l’arrière pour faire parvenir des ballons aux soldats (Julien Sorez[8]). Les permissions sont porteuses d’« un avant-goût de paix », en même temps qu’elles constituent un « substitut à la paix » à mesure que la guerre se prolonge (Emmanuelle Cronier[9]). Les recours aux loisirs et distractions des combattants sur le front sont souvent le reflet fidèle de pratiques sociales ou culturelles éprouvées voire de l’habitus du temps de paix (Thierry Hardier et Jean-François Jagielski[10]).

Dans quelle mesure le soldat s’autorise-t-il ou est-il autorisé à jouir de la vie ? Le brancardier Filoche note ainsi la culpabilité de ceux qui assistent à une séance de cinéma tandis que d’autres sont aux tranchées : « Plus d’un y a pensé puis l’égoïsme reprenant le dessus, on a oublié, on n’y est pas… […] Le cinéma chasse le cafard sur le front, mais aussi comme tous les plaisirs, amène l’oubli[11]. » Dans quelle mesure cette possibilité s’accommode-t-elle de l’injonction à poursuivre l’effort de guerre ? Et avec quelle efficacité dans la durée ?

La paix comme revendication
« Tout le monde demande la paix à grands cris, moi le premier[12] », note dans son carnet le fantassin Joseph Bousquet le 8 janvier 1915. Mais il s’agit ici d’une « paix vague » (André Loez[13]), qui ne cherche pas à formuler des conditions réalistes de paix. Certains combattants semblent même prêts à faire passer la paix avant la victoire, quitte à déplaire à leur famille et à l’arrière : « Maintenant pensez et agissez comme bon vous semblera, mais je vous le répète, ce n’est pas de victoire qu’il doit être question, mais de Paix et de Paix à tout prix, et plus elle sera rapprochée, moins elle coûtera cher, la vie d’un seul homme ayant plus de prix que tous les trésors du monde »[14], écrit Maurice Pensuet dans une lettre du 4 janvier 1916. Dans quelle mesure ce désir de paix témoigne-t-il d’une démoralisation ponctuelle ou plus profonde des combattants ? Quel rôle joue-t-il dans les actes de désobéissance collective et les mutineries ? Comment ce désir de paix s’exprime-t-il également à l’arrière, notamment lors des grèves de 1917-1918 ? Face à un conflit qui s’installe dans la durée, comment « la paix par la victoire », qui semble initialement seule acceptable, est-elle progressivement contestée par d’autres formules exprimées par certains secteurs de l’opinion ou certaines personnalités ? Les idées de « Paix immédiate » (diffusées notamment par les conférences de Zimmerwald et de Kienthal), de « paix sans vainqueurs » (Wilson), la recherche d’une paix de compromis, les diverses offres de médiation et tentatives de paix au cours de la guerre devront ainsi être prises en considération. Il s’agira également de revenir sur les tentatives de paix négociée, de contacts entre diplomaties ou intermédiaires plus ou moins officieux, permettant de saisir l’ambivalence du couple guerre/paix. En effet, la paix n’est pas seulement une alternative à la guerre, elle peut aussi être perçue comme son accomplissement (les buts de guerre sont aussi des objectifs de paix). La paix peut aussi se concevoir dans la victoire et la conquête, et c’est bien là toute l’ambigüité du rôle joué par le diplomate en temps de guerre, qui vise la paix mais au mieux des intérêts de son pays.

La paix à bâtir
Malgré la censure et les risques d’accusation de « défaitisme », la Première Guerre mondiale a suscité comme jamais auparavant une vaste réflexion sur la paix future et les moyens de parvenir durablement à un ordre international pacifique. Le conflit développe en effet une « véritable eschatologie de la paix »[15] (Annette Becker), la conviction d’une guerre faite pour ne plus jamais refaire la guerre, d’une guerre accoucheuse d’un monde nouveau : « Lorsque demain […] vous rentrerez chez vous, après ces spectacles d’horreur et d’épouvante, vous songerez qu’il vous reste un autre devoir aussi noble et aussi grand à accomplir ! Ce devoir, c’est d’empêcher à tout jamais que pareil carnage puisse se reproduire. […] Et nous pourrons enfin établir une paix que rien ne viendra troubler »[16]. Cette conviction de divers milieux (politiques, religieux, pacifistes, etc.) comme celle de nombreux citoyens « ordinaires » que ce conflit devait « mettre fin à la guerre » (H.G. Wells), ainsi que les prises de position du président américain Wilson en faveur d’une « association générale des nations », favorisèrent l’élaboration d’un grand nombre de projets d’organisation internationale, à caractère européen ou à vocation universelle, notamment sous la forme d’une « société des nations », comme le montre l’ouvrage de Carl Bouchard[17]. Dans quelle mesure ces divers projets ont-ils pu orienter la formulation des buts de paix des gouvernements belligérants ?

Il s’agira ici de mieux saisir en quoi l’expérience de la guerre infléchit la façon dont l’organisation de la paix est pensée, quels médiateurs ou lieux de médiation demeurent ou apparaissent à un moment où la limite entre pensée pour la paix et défaitisme est infime.

Ainsi pourra-t-on mieux saisir les ambiguïtés du discours de la paix, la censure autour de la paix, l’instrumentalisation de la paix, de même que l’articulation d’une culture guerrière mobilisée pour vaincre et les aspirations à l’arbitrage, à la conciliation, à la paix.

Ces approches doivent inviter à croiser les dimensions sociales, culturelles, géographiques différentes en privilégiant le front occidental en croisant les divers points de vue nationaux qui permettront de saisir les spécificités nationales des représentations de la paix. L’étude ponctuelle, croisant micro-histoire et grandes évolutions, ne devra pas être négligée.

Modalités pratiques d’envoi des propositions
Les propositions de communication (3 000 signes environ), accompagnées d’une courte notice biographique de leur auteur (mentionnant notamment leurs travaux en rapport avec le thème du colloque), doivent être envoyées (fichier attaché en format word ou pdf) aux organisateurs au plus tard

le 15 septembre 2014
Stéphane TISON, Maître de conférences en Histoire contemporaine (Université du Maine)

Stephane.Tison@univ-lemans.fr

Jean-Michel GUIEU, Maître de conférences en Histoire contemporaine (Université Paris I – Panthéon-Sorbonne)

Jean-Michel.Guieu@univ-paris1.fr

Les frais de voyage et de séjour des intervenants seront pris en charge par les organisateurs.

La Flèche est située à 1h30 de Paris (via la gare TGV Sablé-sur-Sarthe).

Comité scientifique
Carl Bouchard (Université de Montréal),
Rémi Fabre (Université de Paris-Est-Créteil),
Jean-Michel Guieu (Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne),
Jean-François Jagielski (CRID 14-18),
Stanislas Jeannesson (Université de Nantes),
Emmanuel Saint-Fuscien (EHESS),
Stéphane Tison (Université du Maine).
Organisation
Stéphane Tison (Université du Maine)
Jean-Michel Guieu (Université de Paris-1 Panthéon-Sorbonne),
Partenariat avec

Université du Maine,
Centre de recherches historiques de l’Ouest (CRHIO),
Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne,
LabEx “Ecrire une histoire nouvelle de l’Europe”,
Mission du Centenaire.
[1] Martin Ceadel, Thinking about Peace and War, Oxford University Press, 1989.

[2] Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Nicolas Offensdadt, Paroles de paix en temps de guerre, Toulouse, Privat, 2006.

[3] Romain Darchy, Récits de guerre, 1914-1918, Paris, Givanengelli, 2012.

[4] Cf. les travaux de Paul Dietschy, Philippe Tétart, Sylvain Villaret sur la réduction puis la reprise des activités sportives. Luc Robène (dir.), Le sport et la guerre, XIXe-XXe siècles, PU Rennes, 2012.

[5] Regina M. Sweeney, Singing our way to victory : French cultural politics and music during the Great War, Wesleyan University Press, 2001, p. 237 sq.

[6] Arch. Départ. Sarthe, 12 J 384. Lettre 203 du 29 décembre 1916 à Nicholas Murray-Butler, président de Columbia University (New York).

[7] Benjamin Gilles, Lectures de poilus : livres et journaux dans les tranchées, 1914-1918, Paris, Flammarion, 2013.

[8] Julien Sorez, « Le football français et la Grande Guerre : une pratique sportive à l’épreuve du feu », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2012/2, (n°106), p. 11-19.

[9] Emmanuelle Cronier, Permissionnaires dans la guerre, Paris, Belin, 2013.

[10] Thierry Hardier et Jean-François Jagielski, Oublier l’apocalypse ? Loisirs et distractions des combattants pendant la Grande Guerre, Paris, Imago, 2014.

[11] Moissons rouges. Albert Filoche, brancardier au 124e RI, 1915-1918. Edition établie par Jocelyne et Michel Dloussky, Laval, L’Oribus, 2004, p. 212.

[12] Joseph Bousquet, Journal de route, 1914-1917, Bordeaux, Éditions des Saints Calus, 2000, cité par Rémy Cazals « 1914-1918 : oser penser, oser écrire », Genèses, 1/2002, p. 38.

[13] André Loez, 14-18. Le refus de la guerre : une histoire des mutins, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2010, p. 95

[14] Écrit du front, Lettres de Maurice Pensuet, 1915-1917. Edition établie par Antoine Prost, Paris, Tallandier, 2010, p. 138.

[15] Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18 Retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000, p. 182.

[16] Le Poilu, 10 mars 1915. Cité par St. Audoin-Rouzeau, 14-18 Les combattants des tranchées à travers leurs journaux, Paris, Armand Colin, 1986, p. 188.

[17] Carl Bouchard, Le citoyen et l’ordre mondial (1914-1919) : Le rêve d’une paix durable au lendemain de la Grande Guerre en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, Montréal, Paris, A. Pedone, 2008.

 

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