Les Sets d’Estonie

Antoine Chalvin

Les Sets d’Estonie

La collection « Peuples en péril », publiée par les éditions Armeline, vise à faire connaître aux lecteurs français des minorités européennes peu connues et « fragiles », comme les Sicules de Transylvanie, les Kachoubes de Poméranie ou les Csángos de Moldavie. Le sixième volume de la collection, paru en décembre 2015, est consacré aux Setos d’Estonie.
Au sud du lac de Pskov, sur un petit territoire aujourd’hui partagé entre l’Estonie et la Russie, les Setos ont développé depuis plusieurs siècles une culture originale qui les distingue de leurs voisins estoniens et russes. Parlant une variante de l’estonien du sud, de confession orthodoxe, ils sont célèbres pour leur chant polyphonique, le leelo, inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Dans l’Entre-deux-guerres, les Setos ont fait l’objet d’une tentative d’annexion identitaire par la jeune République d’Estonie, qui, tout en valorisant leur culture, a cherché à les persuader qu’ils faisaient partie du peuple estonien.
À l’époque soviétique, le déclin de la foi orthodoxe et de la culture traditionnelle ont menacé la survie de la fragile identité seto. Celle-ci connaît cependant, depuis les années 1990, un étonnant renouveau. En s’appuyant sur leurs anciennes traditions, les Setos d’Estonie se sont engagés dans un processus exemplaire de reconstruction identitaire, remettant à l’honneur leur langue et leur culture, se dotant d’un drapeau et d’un hymne, d’une organisation représentative, d’un institut culturel, et inventant avec humour de nouvelles traditions festives.
Les 4 premiers chapitres sont consacrés à l’histoire, depuis la première mention des Setos en 1831, jusqu’à la revitalisation culturelle des années 90 et 2000. On trouve ensuite un court chapitre sur la langue seto, avec une première partie présentant les principaux traits linguistiques, et notamment les différences avec l’estonien, et une deuxième partie sur la situation sociolinguistique du seto aujourd’hui. Les chapitres suivants présentent les différents aspects de la culture traditionnelle, qui constituent aujourd’hui encore les fondements de l’identité des Setos : la culture matérielle (costume, bijoux, architecture paysanne), les traditions alimentaires (avec quelques recettes de cuisine), le chant, les contes, l’épopée nationale seto, les fêtes, les croyances et les coutumes. Enfin, le dernier chapitre parle de l’invention récente de nouvelles traditions, comme la « Journée du royaume seto » , qui redonne une vie nouvelle aux traditions anciennes en les insérant dans un contexte festif et ludique contemporain.
L’ouvrage est illustré par un cahier de photos en couleurs, ainsi que des photos en noir et blanc et des cartes insérées dans le texte.

Antoine CHALVIN est professeur des universités à l’INALCO, où il enseigne la langue, la littérature et la civilisation estoniennes, ainsi que la langue et la littérature finnoises. Il est l’auteur, entre autres, d’un Manuel d’estonien (L’Asiathèque, 2011) et a traduit en français de nombreuses œuvres de la littérature estonienne, parmi lesquelles l’épopée nationale Kalevipoeg (Gallimard, 2004).

Éd. Armeline

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