Antoine Marès
Edvard Beneš : un destin emblématique de la tragédie de l’Europe face aux totalistarismes.
Ministre des Affaires étrangères pendant dix-sept ans, puis deuxième président de la République tchécoslovaque, Edvard Beneš (1884-1948) est une figure majeure de l’histoire européenne du xxe siècle. Ce francophile a été confronté à trois grands drames historiques : la fin des Empires européens en 1918, le face-à-face avec le monde hitlérien, la division de l’Europe en deux, avec le passage de sa moitié orientale sous la tutelle soviétique. Il est étroitement lié au système international de son époque, même si son nom évoque avant tout les accords de Munich de septembre 1938 – où il est victime de l’abandon des puissances occidentales – et la satellisation de la Tchécoslovaquie par l’URSS à la suite du « coup de Prague » en février 1948.
En se situant au carrefour de la société tchécoslovaque et de son rapport à l’Europe et au monde, Beneš se confond avec l’histoire de l’État qu’il a contribué à fonder. Son cheminement idéologique est lui-même emblématique de ce qui se joue en Europe au xxe siècle. Au même titre que son pays, pris en étau entre Hitler et Staline, il a été une sorte de sismographe du Vieux Continent : figure triomphante en 1918 et 1945, puis tragique en 1938 et 1948, passée de la gloire à l’abîme. Cette première biographie en français restaure la centralité de l’homme pour mieux souligner la tragédie d’une époque.
Antoine Marès
Professeur des Universités, directeur du Centre d’histoire de l’Europe centrale, auteur ou éditeur d’une quarantaine d’ouvrages personnels et collectifs, Antoine Marès est spécialiste de cette région dont il enseigne l’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.