Togliatti, une ville nouvelle en URSS

Exposition

“Togliatti, une ville nouvelle en URSS”

du 2 au 24 octobre 2015

‘Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine

 

Lorsque Staline ordonna en 1950 l’érection du barrage hydroélectrique, le bourg existant sur place fut éliminé,

le fleuve détourné, des milliers de prisonniers du Goulag affectés à ce chantier pharaonique… Un nouveau site urbain

fut alors dessiné, dans une sobre veine classicisante typique de la fin de l’ère stalinienne.

Bien que restant d’une échelle modeste, déjà la majorité des édifices résultèrent d’une standardisation poussée. Or, en 1964 la décision de Khrouchtchev d’édifier à Togliatti l’usine automobile AvtoVAZ permit à la ville de se transformer en grande agglomération régionale.

Conçue en coopération avec la firme italienne Fiat, AvtoVAZ amplifia enfin la production de voitures soviétiques, au

point même de concurrencer les firmes américaines en Asie et Amérique latine. Afin d’accueillir 400 000 habitants

supplémentaires, un second district neuf fut planifié et bâti en trois ans, de 1967 à 1970. Cette extension fut dirigée par Boris Roubanenko (1910-1985), un urbaniste formé avec les méthodes modernes constructivistes, et qui avait su s’adapter avec talent au néo-académisme stalinien – avant de trouver un souffle contemporain renouvelé en tant que directeur de l’Institut scientifique du Logement.

L’œuvre de Roubanenko fut la réponse de l’URSS aux méthodes de la modernité internationale, méditant notamment le projet de Le Corbusier pour Saint-Dié et les réalisations de Niemeyer à Brasilia.

Quant aux grands ensembles français, l’équipe soviétique en apprécia certains dispositifs spatiaux (tels ceux de Toulouse Le Mirail), tout en voulant en éviter les fréquentes limites fonctionnelles. Car malgré une préfabrication à 80 % de la ville, Roubanenko veilla à faire de Togliatti un site urbain d’un confort exceptionnel en URSS. Séparation des circulations motorisées et piétonnes, soin apporté aux espaces verts, développement du réseau des équipements collectifs, augmentation des normes de surface par personne : tout fut entrepris pour que la ville soit une réalisation exemplaire de l’idéologie soviétique.

Aussi Togliatti révèle les dessous de l’urbanisme russe au XX° siècle, le parcours de ses créateurs face au pouvoir,

l’invention ex nihilo d’infrastructures certes titanesques mais voulant rester au service de l’homme, entre zones d’ombre et accomplissements.

Author: admin

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