L’autonomie nationale d’ordre personnel

L’autonomie nationale d’ordre personnel. Développement et transfert d’une idée dans l’Empire des Habsbourg et l’Europe de l’entre-deux-guerres

Börries Kuzmany, Académie autrichienne des sciences, Institut de recherche d’histoire moderne et contemporaine

4 avril 2016, 17h-19h

EHESS, 190-198 Avenue de France, 75013 Paris, salle 1 (RdC)

Intervention au sein du séminaire « Les enjeux de la terre, du territoire et de l’espace dans le sud-est européen », organisé par Nathalie Clayer et Bernard Lory.

L’intervention questionne l’idée d’autonomie nationale d’ordre personnel, à la fois d’un point de vue théorique et à travers ses applications politiques concrètes. Il s’agit d’un modèle peu connu de gérer la diversité ethno-nationale à l’intérieur d’un pays, qui a pourtant été vivement discuté tout au long de la première moitié XXe siècle en Europe centrale et orientale, et qui a été même accueilli en France par quelques chercheurs. En acceptant la nation ethnique en tant qu’unité corporatiste constitutive de l’Etat, ce concept propose de séparer l’Etat territorial de la nation non-territoriale ; il accorde par conséquent à l’Etat des fonctions politiques et à la nation des fonctions culturelles.

Dans une première partie, je retrace les origines de cette idée dans l’Empire des Habsbourg, où des théoriciens austro-marxistes et libéraux ont essayé de réconcilier ce concept communautariste avec l’Etat de droit moderne. Plusieurs provinces autrichiennes ont connu au début du XXe s. l’introduction d’un système consociationnel qui embrasse certains éléments d’autonomie nationale d’ordre personnel, notamment en Moravie, en Bucovine, en Bosnie et en Galicie.

Dans une seconde partie, j’essaie de démontrer que l’autonomie nationale d’ordre personnel était un modèle étonnement flexible qui a été transféré dans des contextes géographiques et idéologiques très divers. Ainsi, ce système a été adapté à des contextes aussi bien libéraux que de gauche ou d’extrême-droite. Je démontre que des représentants des minorités ethnique de l’entre-deux-guerres – aristocrates germano-baltes, représentants du Bund juif en Ukraine, bolcheviques ou nationalistes allemands des Sudètes – ont tous fait référence aux expériences théoriques et pratiques qu’avait connues l’Autriche-Hongrie.

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