Révolution et émancipation
Deadline: 5 maggio 2017
Organisateurs : LCSP Paris 7 Diderot, CRESPPA Paris 8, Logiques d’Agir, Sophiapol Paris 10
Nanterre, CESPRA / EHESS, CERAPS Université Lille 2, IIAC CNRS, ICT Paris 7 Diderot,
Espaces Marx.
Revue partenaire : Actuel Marx.
Appel à communications
Au sens strict, une révolution est un changement de régime politique. Elle est aussi défiie par le
Larousse comme un « changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un
État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place, prend le pouvoir et
réussit à le garder ». Mais en mettant l’État et la violence au centre de la défiition, ne se prive-t-on
pas de penser la diversité des moments révolutionnaires ou insurrectionnels et de leurs effts ?
Que signifi « prendre » et « garder » « le » pouvoir ? De quel universel les volontés subversives se
réclament-elle ? De quelles autorités, de quelles légitimités les prétentions révolutionnaires se
prévalent-elles ?
Trois révolutions sont classiquement évoquées dans le domaine de la théorie politique : les
révolutions américaine, française et bolchévique (dont on fête le centenaire en 2017). Elles ne sont
assurément pas les seules : 1848 en France, la Commune de Paris (1871), la révolution chinoise,
cubaine, la guerre d’Espagne ou plus près de nous la révolution zapatiste et les « révolutions par les
urnes » en Amérique latine contemporaine (comme la révolution bolivarienne au Venezuela), « les
printemps arabes ». Les révolutions ont été décrites, dans les sciences sociales, à partir d’une
multitude de problématiques et de modalités d’explication : on a pu insister sur la singularité de
certains phénomènes révolutionnaires, donc sur leurs spécifiités irréductibles, ou sur les affités
profondes qui relient la plupart des révolutions, du passé et du présent ; on a pu les expliquer à
partir d’un ensemble de causes ou de variables structurelles, à travers des modèles séquentiels, ou
des logiques propres aux événements politiques qui les composent. Les révolutions peuvent être,
par ailleurs, rapides ou lentes, précédées de signes avant-coureurs ou non, inachevées ou non,
porteuses de continuités souterraines ou au contraire d’inédit. Les études postcoloniales ont par
ailleurs mis en évidence que les révolutions ne sont pas une spécifiité occidentale et que de
multiples traditions révolutionnaires, c’est à dire de multiples manières de penser et pratiquer le
changement violent d’un régime politique, ont parsemé la planète à l’âge moderne et
contemporaine. L’anthropologie, de son côté, a montré que les sociétés de petite taille ne sont pas
non plus exemptes de changements brusques d’organisation sociale. Les contestations politiques ne
se font pas toujours au nom d’un changement de régime mais peuvent investir des formes de vie
alternatives et d’autonomie radicale (ZAD, socialistes associationnistes etc.).
Si c’est l’histoire qui scelle, en fi de compte, la « réussite » (aussi partielle soit-elle) ou l’« échec »
de la révolution, un certain nombre de questions surgissent. Que veut dire « réussir » pour une
révolution ? Comment jongler entre les convictions idéologiques et programmatiques des
révolutionnaires eux-mêmes et la perception du changement social profond dont la révolution est
l’autre nom ? Comment analyser la part de violence et de radicalité dans la phénoménalité
révolutionnaire, entendue comme prise du pouvoir ? Qu’est-ce que la violence ? Qu’est-ce que la
radicalité ? Par rapport à qui, à quoi ? Quel rapport entre les phénomènes de subjectivation et les
transformations plus structurelles du monde commun ? Y compris la transition des usages des
médias imprimés vers le numérique ? Dans l’émergence et la diffsion des soulèvements, quels liens
entre les dynamiques des subjectivations et celles des organisations ? Par ailleurs, les révolutions
peuvent être suivies de contre-révolutions ou peuvent être conservatrices : le camp de
l’émancipation n’a pas le monopole de la révolution. La réaction contre-révolutionnaire est-elle
inévitable ? Est-ce que l’on peut, à cet égard, distinguer les révoltes et les insurrections des
révolutions ? Que peut-on tirer des expériences historiques sur ces sujets ? Que nous apprennent
l’histoire, la philosophie, l’anthropologie ? En science politique de nombreux débats ont surgi
autour des relations entre réformisme et révolution, débats qui se sont renforcé après les
« révolutions pacifiues » en Amérique Latine. Est-il possible de faire une révolution en restant dans
le système de la démocratie représentative ? Une révolution peut-elle être l’efft de l’accumulation
d’un certain nombre de réformes structurelles ? Comment une révolution devient-elle
hégémonique ? Pourquoi certains processus politiques choisissent-ils le mot révolution comme
identité politique ?
Ce qui motive ce colloque est, au fond, de chercher à comprendre à quelles conditions, sociales,
historiques et politiques, une révolution peut être le vecteur de l’émancipation. Le centenaire de la
révolution russe de 1917, qui joua un si grand rôle au 20ème siècle, mais fut aussi une très grande
déception, semble fort propice pour cet examen, pour lequel les organisateurs mobiliseront les
éclairages de la philosophie, de la sociologie, de la science politique, de l’anthropologie politique et
de l’histoire.
Le colloque se déroulera les 2 et 3 février 2018 dans un lieu encore à préciser.
Les communications proposées présenteront à la fois un point de vue théorique et un terrain
empirique, de manière à pouvoir confronter ce que chacun dit depuis une situation quand il parle de
“révolution”. La révolution est une notion concept feuilletée et nous voudrions pour ce colloque
inaugural pouvoir revisiter sur un mode critique et empirique ce feuilletage.
Les propositions de communication feront 3000 signes maximum, elles
mentionneront adresse, discipline principale et affiation et sont à envoyer avant le
5 mai 2017 à l’adresse suivante : revolutions2018@gmail.com