Histoire comparée de l’Europe centrale de 1700 à nos jours

Histoire comparée de l’Europe centrale de 1700 à nos jours
États, identités, populations et territoires

 Séminaire mensuel, organisé par Marie-Elizabeth Ducreux (directrice de recherche au CNRS, Centre de recherches historiques, EHESS), Christine Lebeau (professeur à l’université de Paris I) et Antoine Marès (professeur à l’université de Paris 1).

 Galerie Dumas, escalier L, 1er étage, en salle F 604, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Centre d’histoire de l’Europe centrale contemporaine – 1, rue Victor Cousin
Paris, France (75006)

Programme 2014-2015

15 octobre 2014

Daniel Beauvois, professeur honoraire (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Quand la propriété littéraire n’existait pas: Prosper Mérimée et sa biographie de Bohdan Khmielnitski

Prosper Mérimée publia en 1865 une biographie de Bohdan Khmielnitski ( le chef des guerres cosaques menées contre la Pologne de 1648 à 1653 ) “empruntée” à l’historien ukrainien écrivant en russe Nicolas Kostomarov ( Saint-Pétersbourg, 1859). La critique, oublieuse de son habitude des supercheries littéraires, se répandit en louanges sur la réussite de l’historien sans, jusqu’à nos jours, aller plus loin. Tout le monde se trompait, y compris Mérimée que n’intéressait pas l’ukrainophilie des années 1853-1863. On tentera de retracer la genèse de ce texte, en le dégageant des histoires de brigands où on l’enferme souvent et en montrant qu’il est, malgré tout, un chaînon dans la connaissance française de l’histoire ukrainienne qui mérite réflexion et recul.

12 novembre 2014
Claire Mádl, docteur en histoire, CEFRES, Prague.
La pluralité des attaches sociales des lettrés de la monarchie des Habsbourg au XVIIIe siècle: l’exemple des cercles lettrés de Joseph Petrasch, auteur « slavonien » de Moravie.

La gestion de la pluralité est une problématique récurrente des recherches sur la monarchie des Habsbourg. Elles l’abordent tantôt du point de vue politique en analysant la construction de cette « monarchie composite », tantôt du point de vue culturel et social pour rendre compte des pluralités nationales, religieuses et linguistiques. Nous proposons une approche sociale d’un groupe qui est à l’origine des transformations fondamentales du tournant des XVIIIe et XIXe siècles : les lettrés et les érudits qui, jusqu’à présent, a été plus souvent traité par les historiens des idées que par ceux de la société. Définis par un mode d’action qui est l’écrit, les lettrés forment un groupe hétérogène où le cumul des positions différentes est la règle (enseignants, religieux, rares auteurs professionnels, aristocrates amateurs, bénéficiaires du mécénat, employés dans les offices de l’Etat, membres de sociétés savantes, etc.).

A partir de l’exemple de Joseph Petrasch (1714–1772), animateur de la première société savante implantée dans la monarchie des Habsbourg (la Societas eruditorum incognitorum in terris Austriacis, active à d’Olmütz / Olomouc de 1746 à 1751 environ, nous réexaminerons la dualité de la vision historiographique à travers laquelle sont perçus ces lettrés des Lumières. Hommes de réseaux aux dimensions européennes, ils seraient aussi les précurseurs d’une vie intellectuelle locale aux fortes implications (directes ou par réinterprétations) dans le processus postérieur de construction des nations.

Nous confronterons les relations institutionnalisées par la Société des Inconnus, celles mises en œuvre par la publication des ouvrages de Petrasch et les relations épistolaires de ce dernier. Nous regarderons ensuite comment Petrasch rend compte du milieu intellectuel qu’il considère être le sien : quels en sont les centres, les objets d’intérêt et les polarisations, dans un espace d’échanges ni centralisé, ni hiérarchisé et aux capitales mobiles. Si Petrasch a pu se présenter comme auteur « slavonien », nous verrons comment il dut de fait gérer la pluralité parfois conflictuelle de ses appartenances.

17 décembre 2014
Tatjana Lichtenstein, Assistant Professor, University of Texas, Austin.
Racializing Jewishness: Zionist Reponses to National Indifference in Interwar Czechoslovakia.

In interwar Czechoslovakia, state authorities and nationalist activists alike looked to the population census to create order out of the country’s multitude of linguistic, ethnic, and religious populations. In response to accusations that Jews were indifferent to questions of national belonging or assumed opportunist identities, Zionists looked to the census to harden the boundaries of the Jewish nation. Paradoxically, and in contrast to what Zionists had hoped to accomplish, statistics served to prescribe Jews racial particularity as well as to solidify the notion that Jews had flexible national identities.

14 ou 28 janvier 2015
Fabio Giomi, chargé de recherches (CETOBAC/CNRS-EHESS)
Inventer la femme musulmane habsbourgeoise. Islam, genre et empire dans la Bosnie austro-hongroise (1878-1918)

L’intervention portera sur les transformations des relations de genre qui se sont vérifiées chez les musulmans de Bosnie et Herzégovine à l’époque austro-hongroise. Elle se concentrera notamment sur les politiques éducatives impériales visant à forger un premier cadre de «femmes musulmanes habsbourgeoises », sur les réactions des notables musulmans (hommes et femmes) et enfin sur le développement d’un débat local autour de la « question de la femme musulmane » (muslimansko žensko pitanje) à partir du début du XXe siècle.

Antoine Marès
courriel : antoine [dot] mares [at] wanadoo [dot] fr

Author: admin

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